Euro féminin: la France face à son destin et ses démons
Le déclic ou la claque, encore? Les Bleues partent samedi (21h00) à l'assaut des Pays-Bas, championnes d'Europe en titre, avec l'espoir d'enfin franchir le cap des quarts de finale, sur lequel elles butent depuis une décennie en grande compétition.
"Il faudra souffrir ensemble, prendre du plaisir ensemble, jouer, se lâcher, prendre des risques", a lancé Wendie Renard, la taulière d'une équipe de France au palmarès toujours vierge. "Le beau jeu c'est bien, mais l'efficacité c'est encore mieux".
Si brillante d'entrée contre l'Italie (5-1), l'étoile tricolore a pâli à mesure que l'Euro avançait, avec un succès étriqué contre la Belgique (2-1) et un nul frustrant face à l'Islande (1-1). Une victoire, "peu importe" la manière selon la capitaine, redonnerait de l'éclat et de l'élan à des Bleues arrivées en Angleterre avec un visage de favorites.
Les Françaises ont perdu en route leur pépite d'attaque Marie-Antoinette Katoto, gravement blessée à un genou, et une partie de leur assurance avec, peut-être.
- Cinq échecs consécutifs -
Le début des matches-couperet est, par définition, aussi le début de la fin. Reste à savoir si l'histoire s'étirera jusqu'au 31 juillet pour la finale à Londres, ou si elle s'arrêtera brutalement dès samedi soir à un stade où les Bleues ont la mauvaise habitude de caler.
"Passer les quarts ce n'est pas une fin en soi. Mais étant donné que cela fait quelques années qu'on n'arrive pas à passer ce cap, c'est l'objectif de demain", a résumé vendredi Renard, la Lyonnaise de 32 ans aux huit titres en Ligue des champions.
Présente à ses côtés, Corinne Diacre a tenté de dégonfler la pression en renvoyant la balle dans le camp des Néerlandaises.
"S'il doit y avoir un favori, c'est plutôt elles. D'autant plus que nous, on n'arrête pas de nous répéter qu'on n'arrive pas à passer les quarts de finale", a lancé la sélectionneuse, comme irritée par les relances des journalistes.
Depuis les Jeux olympiques de 2012, la France est en effet restée bloquée en quarts de finale de chaque compétition (Euro-2013, Mondial-2015, JO-2016, Euro-2017, Mondial-2019), une série de cinq échecs consécutifs qui lui colle à la peau.
- Avec ou sans Miedema? -
Se défaire de cette malédiction est un objectif à court terme pour les Bleues, et un impératif pour la sélectionneuse au regard des objectifs affichés: soulever le trophée à Wembley, comme elle l'a maintes fois répété, ou atteindre au moins le dernier carré, comme lui a demandé le président de la FFF Noël Le Graët.
"Mon cas personnel importe peu. Ce qui est intéressant surtout, c'est de voir comment va se comporter l'équipe", a-t-elle évacué.
En face, les Pays-Bas s'imaginent réaliser un gros coup malgré les coups du sort qui ont pollué le premier tour, avec le forfait sur blessure de la gardienne Sari van Veenendaal (épaule) et l'ailière star Lieke Martens (pied), entre autres.
"Il y a une grande énergie dans le groupe. Nous avons traversé des épreuves et le groupe a eu une seule réaction: être plus fort, plus uni", a lancé Mark Parsons, le sélectionneur anglais des "Oranjeleeuwinnen" ("les Lionnes +Oranje+").
Les championnes en titre ont retrouvé depuis mercredi leur pépite d'attaque Vivianne Miedema, sortie de l'isolement imposé après un test positif au Covid-19. L'avant-centre d'Arsenal, canonnière en chef de la sélection, devrait pouvoir tenir sa place.
L'Allemagne, elle, a déjà sa place en demi-finale au chaud. La nation la plus titrée à l'Euro avec huit sacres, dont six consécutifs entre 1995 et 2013, attend de pied ferme les Françaises ou les Néerlandaises, mercredi prochain à Milton Keynes.
S.Olivares--LGdM