Mondiaux d'athlétisme: or et record du monde, McLaughlin fait encore parler sa magie au Hayward Field
L'emblématique Hayward Field lui réussit décidément: l'Américaine Sydney McLaughlin s'y est offert l'or mondial et un record du monde retentissant, son quatrième en à peine plus d'un an, sur 400 m haies vendredi à Eugene (Oregon).
En bouclant son tour de piste en 50 sec 68, la championne olympique en titre a retranché plus de sept dixièmes à son précédent record du monde (51.41) au bout de cette finale mondiale, devenant la première femme sous les 51 secondes sur 400 m haies, à 22 ans seulement.
"Elle est unique", a salué sur Twitter l'icône américaine au bord de la retraite Allyson Felix, l'athlète la plus médaillée de l'histoire aux Mondiaux avec 19 récompenses - et sa partenaire d'entraînement à Los Angeles.
"C'est la meilleure performance que j'aie jamais vue", s'est enthousiasmé le double champion du monde du décathlon (2009 et 2011) américain Trey Hardee. "Ca remplace le 800 m de (David) Rudisha en finale olympique à Londres (en 2012). Ce n'est que le début pour +Syd+."
McLaughlin s'est emparée en juin 2021 du record du monde, alors propriété de sa compatriote Dalilah Muhammad, lors des sélections américaines pour les Jeux de Tokyo, en 51 sec 90.
Depuis, de son sacre olympique (51.46) aux premiers Mondiaux d'athlétisme sur le sol américain de l'histoire, en passant par les "trials" US 2022 fin juin (51.41), elle l'a abaissé de plus d'une seconde.
- Trois sur quatre à Eugene -
La native du New Jersey se plaît décidément dans le mythique stade de Eugene, à l'autre bout des Etats-Unis: c'est là qu'elle a établi trois de ses quatre records du monde.
Comment prendre la mesure de sa performance?
Avec ce chrono supersonique, McLaughlin est désormais plus rapide de 90 centièmes de seconde que la deuxième femme la plus véloce du monde sur 400 m haies (Muhammad en 51.58).
Et elle aurait battu deux concurrentes de la finale du 400 m plat courue quelques minutes plus tôt !
"C'est irréel", a réagi sans euphorie McLaughlin, sacrée championne du monde pour la première fois en individuel, après avoir été médaillée d'argent en 2019 à Doha.
"J'étais dans une sorte de +bulle+, j'avais juste à appliquer ce que j'ai appris à l'entraînement, sans même y penser. Juste à laisser faire les choses. J'ai toujours eu une relation incroyable avec le Hayward Field", a raconté celle qui est également championne olympique en titre et championne du monde sortante avec le relais 4x400 m féminin américain.
Record du monde cadettes, record du monde juniors: McLaughlin, issue d'une famille de coureurs - son frère Taylor a été vice-champion du monde juniors du 400 m haies en 2016 et son père Willie demi-finaliste du 400 m aux sélections US pour les JO-1984 -, a tout balayé sur son passage dès ses jeunes années avant de confirmer au plus haut niveau.
- Entraînée par Bob Kersee -
Apparue sur la scène internationale aux Jeux de Rio, quelques jours après ses 17 ans, elle y a été stoppée en demi-finales.
Son arrivée en 2020 dans la structure dirigée par le célèbre Bob Kersee, ex-coach de son épouse Jackie Joyner-Kersee et son quatrième entraîneur en cinq ans, marque un tournant pour cette coureuse prodige, également à l'aise sur 200 m, 400 m plat et 100 m haies (record en 12.65).
C'est dans ce groupe basé à Los Angeles qu'elle a rejoint son idole, Allyson Felix, dont le frère Wes n'est autre que son agent.
Comment envisage-t-elle la suite après cette performance majuscule ?
"On a discuté avec Bobby (Kersee) de l'opportunité de changer de discipline. Je ne sais pas si ça arrivera. Pourquoi pas essayer le 400 m plat ou le 100 m haies ?", évoque-t-elle. "Bobby, qui a toujours de nouvelles idées, parle aussi de doubler" 400 m haies et une autre discipline, ajoute-t-elle.
McLaughlin est montée samedi soir sur la plus haute marche du podium mondial entre les mêmes athlètes qu'aux Jeux de Tokyo l'été dernier, mais Femke Bol et Muhammad ont échangé leur place: cette fois la Néerlandaise est médaillée d'argent (52.27) et l'Américaine de bronze (53.13).
A la perche, le trentenaire Renaud Lavillenie, champion olympique 2012 mais jamais sacré champion du monde en plein air, est le seul des trois perchistes français à s'être extirpé tant bien que mal des qualifications. Rendez-vous en finale dimanche, avec le Suédois Armand Duplantis en grandissime favori.
S.Ramos--LGdM