Bleues: Wendie Renard, la cheffe étoilée de l'OL à l'appétit contrarié
La capitaine Wendie Renard s'avance vers son dixième France-Allemagne, mercredi en demi-finale de l'Euro, avec la rage de celle qui n'a encore rien gagné avec les Bleues, une disette qui contraste avec sa razzia de titres à l'Olympique lyonnais, où elle a forgé sa légende depuis l'adolescence.
"Je vous l'ai déjà dit: je ne veux pas être championne du monde des matches amicaux, tout ce qui m'intéresse c'est l'Euro, la Coupe du monde et les JO", a-t-elle encore ressassé en avril, deux mois après avoir remporté le Tournoi de France, tournoi amical créé par la Fédération.
A 32 ans, l'horloge tourne pour l'ancienne gamine de l'Essor Prêchotin, club de Martinique qu'elle a quitté, adolescente, pour tenter l'aventure à Lyon. Trente-trois titres plus tard (15 Championnats de France, 9 Coupes de France, 1 Trophée des championnes et 8 Ligues des champions), la défenseure centrale de l'OL peine encore à écrire son récit international.
Samedi contre les Pays-Bas (1-0 a.p.), elle a accueilli le coup de sifflet final en se frappant la poitrine, le poing serré, avant de lever les bras au ciel, entre soulagement et détermination.
- Impression mitigée -
Tireuse de penalty attitrée, la N.3 des Bleues a laissé le soin à Eve Perisset de punir les Néerlandaises en prolongation, après avoir manqué sa tentative face à la Belgique plus tôt dans le tournoi.
"Il a fallu toute l'expérience, tout le professionnalisme et la sagesse de Wendie Renard de laisser le penalty à Eve", l'a complimentée après match Corinne Diacre, heureuse d'avoir vu "des choses, dans le collectif, très importantes" pour les Bleues.
Blessée durant la préparation, la Lyonnaise a laissé une impression mitigée durant le premier tour, avec parfois un manque de sérénité défensive et de réussite dans la surface adverse, elle qui débloque souvent la situation du haut de son mètre quatre-vingt-sept.
La mise régulière sur le banc de sa coéquipière lyonnaise Griedge Mbock, au profit d'Aïssatou Tounkara, n'a pas aidé Renard non plus et celle-ci ne l'a pas caché.
"Il y a des réajustements à faire, que ce soit individuellement ou collectivement, disait-elle après le dernier match de groupe contre l'Islande (1-1). Ça vient avec les joueuses qui sont autour de toi, avec qui tu es associée. Ce sont des automatismes que je peux avoir en club. Malheureusement, ce ne sont pas les mêmes joueuses qui sont avec moi".
Cette déclaration a pu être perçue comme une pique à l'endroit de Diacre, avec qui les relations ont toujours été fraîches.
- L'Allemagne, mauvais souvenirs -
Le retrait du brassard de capitaine au début du mandat de l'ancienne entraîneure de Clermont (L2) a créé une cassure avec la Lyonnaise, qui s'est résorbée en partie en début de saison, sans effacer totalement les vieilles cicatrices.
"C'était inattendu vu notre relationnel, notre passif", mais "je l'ai accepté pour le groupe France", avait répondu sans détour la joueuse mi-septembre en Grèce, après avoir accepté de reprendre le capitanat sur proposition de Diacre.
Les deux femmes cohabitent depuis sans vague, ni chaleur, malgré les fleurs récemment envoyées par la sélectionneuse envers Renard, "une très bon défenseure, voire la meilleure défenseure au monde aujourd'hui."
Réputée pour son apport offensif, également, la Martiniquaise pêche dans ce secteur-là depuis le début du tournoi. La meilleure buteuse du Mondial-2019 en France, avec quatre buts, n'a pourtant pas démérité, avec une demi-douzaine d'occasions à son actif en quarts de finale.
"Ca fait partie du foot, il y a des grandes joueuses ou des grands joueurs qui sont restés plusieurs mois sans marquer", a-t-elle commenté mardi, se disant "optimiste" et prête "à persister". "Vous pouvez compter sur moi: tant que je peux, je mettrai ma tête et je mettrai tout ce qu'il y a pour que ça rentre. Et ça rentrera", a-t-elle assuré.
Mercredi, elle défiera une équipe d'Allemagne qu'elle connaît bien pour l'avoir affronté déjà à neuf reprises, dont deux fois en Coupe du monde... pour deux défaites (au premier tour en 2011, en quarts de finale en 2015).
Dans le groupe actuel, Renard (135 sélections) est la seule survivante de la dernière demi-finale disputée par la France, en 2012 aux Jeux olympiques de Londres. L'aventure s'était arrêtée face aux Japonaises à Wembley. La finale de l'Euro a lieu là-bas dimanche.
B.Ramirez--LGdM