Euro: les Bleues au pied de leur Everest, attention au vertige
Les Bleues vont se rapprocher des étoiles ou rentrer à la maison, mercredi (21h00) en demi-finale de l'Euro contre l'Allemagne à Milton Keynes, terminus ou tremplin vers une première finale internationale rêvée pour Wendie Renard et ses coéquipières affamées.
Mondial-2011, JO-2012... et Euro-2022, la troisième demi-finale sera-t-elle la bonne ?
Celle de mercredi "ne représentera quelque chose que si tu gagnes le trophée. On ne parle que des vainqueurs", a lâché la capitaine mardi devant la presse. "L'objectif est uniquement sur le trophée" et "vous pouvez compter sur nous, on sera là", a insisté la Lyonnaise.
"J'ai faim, j'ai envie d'aller le plus loin possible et le groupe aussi", a aussi proclamé la milieu Charlotte Bilbault dans la foulée d'une victoire méritée mais tardive en quarts contre les Pays-Bas (1-0 a.p.), championnes sortantes, samedi à Rotherham.
La route vers Londres et Wembley, où la finale est prévue dimanche contre l'Angleterre, passe désormais par le Stadium MK, une enceinte de 29.200 places, où Frédéric Michalak et le XV de France avaient eu la bonne idée de dominer le Canada durant le Mondial-2015 de rugby.
Au ballon rond, le Mondial-2015 féminin réveille en revanche de plus mauvais souvenirs pour les Françaises, défaites par l'Allemagne en quarts de finale à l'issue d'une séance de tirs au but (1-1, 5-4 a.p.) à laquelle avait participé Renard, brassard au bras, à Montréal.
- "Pas de complexe" -
De l'eau a coulé sous les ponts depuis, la capitaine de l'OL a poursuivi sa moisson en Ligue des champions avec six titres supplémentaires, pour porter son total à huit, mais son armoire à trophées en sélection reste désespérément vide.
La Frauen-Nationalmannschaft, à l'inverse, est bardée de breloques dorées: double championne du monde (2003 et 2007), championne olympique (2016) et huit fois sacrée à l'Euro, dont six fois de suite entre 1995 et 2013.
"On a souvent parlé de la supériorité allemande, mais il n'y a pas de complexe à avoir", a évacué Renard en appelant ses coéquipières à "jouer avec intelligence, maitrîser les émotions, ne pas paniquer".
Entre la peur du vide et le poids de l'histoire, les deux nations avancent sur un fil ténu avant le combat attendu mercredi, à quatre jours de la finale face aux hôtes anglaises, épatantes face à la Suède (4-0).
Les Bleues s'y présentent avec un handicap de taille, ayant bataillé jusqu'en prolongation dans un quart de finale programmé deux jours après celui des Allemandes contre l'Autriche (2-0). Trente minutes en plus, deux jours de récupération en moins, mais les Françaises ont jusqu'à présent évacué le sujet.
"On sait que dans une compétition il y a aura toujours une équipe désavantagée, aujourd'hui c'est nous. Voilà, on ne va pas prendre ça comme une excuse. On va y aller et tout donner", a ainsi lancé Kadidiatou Diani, la flèche droite de l'attaque tricolore.
L'ailière du PSG a provoqué le penalty de la gagne face aux Néerlandaises lors d'une partie que les Françaises ont archi-dominée (33 tirs et 10 corners), sans toutefois faire preuve d'efficacité face au but.
- Sans Bühl -
Il faudra régler la mire et ne pas gâcher ses munitions face à l'Allemagne et sa défense de fer, totalement imperméable depuis le début du tournoi, et parfois impressionnante dans la surface de vérité. Avec quatre victoires, onze buts marqués et aucun encaissé, les partenaires de Sara Däbritz ont mis la barre haute.
L'équipe de Martina Voss-Tecklenburg propose un cocktail explosif entre ses trentenaires Svenja Huth et Alexandra Popp, d'un côté, et sa "classe biberon" représentée par Lena Oberdorf et Giulia Gwinn. L'ailière Klara Bühl, 21 ans et étincelante en quarts, est en revanche forfait après un test positif au Covid-19.
L'Allemagne version 2022 ressemble en ce sens à la France de Corinne Diacre, avec ses cadres comme Renard et Diani, ses pépites Selma Bacha et Melvine Malard, et ses "jeunes expérimentées" Grace Geyoro et Delphine Cascarino, 25 ans toutes les deux.
Le sommet franco-allemand devrait produire des étincelles avec des formations résolument offensives, même si l'histoire récente a accouché de chocs avares en but.
Voss-Tecklenburg avait ouvert son mandat par une courte victoire 1-0 en février 2019 à Laval, avant que les filles de Diacre ne prennent leur revanche à Strasbourg en juin 2021, sur le même score et encore en amical. Mercredi, c'est une demie et il n'y aura pas d'amies.
E.Dorame--LGdM