Euro: pour Corinne Diacre, une mission à demi-accomplie
En atteignant le "dernier carré", mais pas Wembley, Corinne Diacre a répondu aux attentes de sa Fédération mais pas aux siennes, lors d'un Euro où la sélectionneuse a fait passer un cap sportif aux Bleues sans parvenir à totalement adoucir l'image parfois clivante qu'elle renvoie.
Noël Le Graët a pour principe de fixer le même objectif à toutes ses sélections: les demi-finales, a minima. Le président de la Fédération française de football n'a pas dérogé à la règle pour ce Championnat d'Europe féminin, reporté d'un an en raison du Covid-19.
Mieux, il avait même conforté Diacre, dont le contrat arrive à échéance, avant même le match d'ouverture. Elle sera "sûrement reconduite" a minima jusqu'à la Coupe du monde 2023, a-t-il annoncé sur France 2.
"Pas toujours jugée à sa juste valeur", Diacre "mérite la confiance de la Fédération", a-t-il insisté auprès de l'AFP juste avant le festival initial contre l'Italie (5-1). Tout en rétro-pédalant légèrement: "Quel que soit le contrat, tant qu'il n'est pas signé ce n'est jamais fait".
L'ancienne capitaine des Bleues, bientôt 48 ans, ne s'est pas étendue mercredi après la défaite 2-1 contre l'Allemagne. "Le groupe est en place. On verra ce que le président décidera. On en discutera dans les prochains jours", a-t-elle déclaré sur Canal+.
Elle avait de son côté clairement visé Wembley, lieu de la finale dimanche, persuadée d'enfin pouvoir offrir à la France un premier titre international. Elle n'y est pas parvenue, trois ans après le quart du Mondial-2019 perdu à la maison contre les Etats-Unis.
- Distance -
Les Françaises, classées parmi les favorites, ont tout de même réussi à dépasser le cap des quarts dans un grand tournoi, sur lequel elles butaient depuis une décennie. Cela ôtera forcément de la pression sur l'équipe actuelle, bombardée de questions avant la victoire libératrice contre les Pays-Bas (1-0 a.p.).
Hors terrain, en revanche, Diacre n'a pas réussi à se débarrasser de l'image distante, et parfois cassante, qui lui colle à la peau depuis son début de mandat en 2017, répondant souvent à côté, de manière superficielle voire de façon trompeuse aux journalistes.
"Vous me connaissez, mais vous insistez à chaque fois. Qu'est-ce que vous avez envie d'entendre?", a-t-elle répondu mardi à un journaliste. "J'ai mon équipe en tête et elle restera dans ma tête", a-t-elle coupé court avant les quarts.
Avec la presse, le dégel amorcé cette saison a fait long feu, malgré l'ouverture affichée par l'ancienne joueuse de Soyaux avant l'Euro. "Mes relations avec les médias sont différentes, beaucoup plus fluides de part et d'autre. Il y a eu aussi une évolution de la part des journalistes", disait-elle en mai à l'AFP.
- "Une revanche", selon Gastien -
Rarement, et jamais publiquement, la technicienne reconnaît avoir été touchée par le traitement médiatique dont elle a fait l'objet, le jugeant caricatural, excessif et déployé avec une liberté que ne se permettrait pas la presse envers un entraîneur homme.
"Je trouve qu'elle s'est un peu plus ouverte mais elle a aussi pris beaucoup de coups. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de personnes qui ne se seraient pas fermées dans sa situation à un moment donné", affirme Pascal Gastien, l'entraîneur de Clermont, qui a pris la suite de Diacre (2014-2017) sur le banc auvergnat.
Atteindre la demi-finale de l'Euro? "De l'extérieur, je pense, moi, que c'est une revanche", dit-il à l'AFP à propos de cette "femme charmante, une personne intelligente, cultivée, avec qui on peut parler de tout" et avec qui il a gardé "d'excellentes relations" depuis leur formation commune au Brevet d'Entraîneur Professionnel de Football (BEPF).
En interne, Diacre a en tout cas semble-t-il réussi à apaiser son vestiaire, sérieusement secoué en 2020 par le clash médiatisé avec Amandine Henry, son ancienne capitaine. La non-sélection à l'Euro d'Eugénie Le Sommer, meilleure buteuse de l'histoire des Bleues, a aussi été vite oubliée au regard des talents offensifs alignés.
La déception passée, elle pourra sûrement se projeter avec plus de sérénité vers l'Australie et la Nouvelle-Zélande, terres d'accueil du prochain Mondial l'été prochain. Les Bleues y seront, une fois de plus, très attendues.
B.Ramirez--LGdM