Bleues: "Avec Diacre, on est sur la bonne pente", dit Le Graët à l'AFP
"Avec Corinne (Diacre), on est sur la bonne pente" et l'équipe de France est "cohérente et en progrès" malgré l'élimination en demie à l'Euro féminin, a affirmé jeudi le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, dans un entretien à l'AFP où il conforte la sélectionneuse.
Q: Quelle analyse faites-vous de la demi-finale perdue (2-1): est-ce la France qui a déjoué ou l'Allemagne qui a été plus forte ?
R: "Déjà, on a atteint l'objectif d'être dans le dernier carré. On fait une demi-finale malgré tout d'un bon niveau par rapport à l'autre demi-finale (Angleterre-Suède, ndlr). J'ai eu peur en première période où les Allemandes semblaient tellement plus fortes physiquement, et même techniquement. On a égalisé au bon moment. En deuxième période j'y ai crû, on jouait beaucoup mieux. Notre équipe montre qu'elle a une grande valeur techniquement. On a une balle de 2-1 et si on mène ç'aurait été plus compliqué pour les Allemandes. Leur victoire est logique sur l'ensemble du match. On n'est pas décalé, on est bien au classement Fifa, on est bien au classement européen. On sortait de 18 matches sans défaite, ça montre que notre équipe est cohérente et en progrès."
Q: Échouer aux portes de la finale, pour la 3e fois de l'histoire, est-ce que cela reste une déconvenue ?
R: "Quand on démarre une compétition, on se dit qu'atteindre le dernier carré c'est super. Et quand on ne gagne pas ce match, il y a évidemment une déception."
Q: Ne craignez-vous pas que le football féminin en France marque le pas, quand on voit l'Angleterre devenir une nation dominante ?
R: "C'est vrai que l'Angleterre se développe énormément, avec des moyens tout à fait différents des nôtres. Mais dire que le football français ne se développe pas est une grave erreur. En nombre de licenciées, on continue de se développer. Notre équipe A enchaîne 18 matches sans défaite, ce n'est pas si mal. Et on a quand même un club (Lyon, ndlr) qui est champion d'Europe, de quoi on se plaint ? On peut toujours mieux faire, mais notre équipe A est de haut niveau, troisième mondiale ce n'est pas si mal."
Q: Avez-vous prévu de discuter prochainement avec Corinne Diacre, dont le contrat arrive à échéance ?
R: "Oui, je vais la voir le plus vite possible. Il y a les congés pour tout le monde, elle doit partir, moi-même je vais partir en Martinique quelques jours. On va prendre rendez-vous. Elle rentre à Paris aujourd'hui, je l'aurai au téléphone dans la soirée ou physiquement à Paris en début de semaine prochaine."
Q: Quel est votre souhait ?
R: "Je l'ai quand même soutenue dans des périodes où il n'y avait pas grand-monde pour la soutenir. Aujourd'hui il y a des résultats qui sont plutôt positifs, je ne vois pas pourquoi je ne la soutiendrai pas à nouveau. Il faut qu'elle ait envie de continuer. Il y a la Coupe du monde (en 2023) bientôt et les JO à Paris (en 2024), j'y tiens vraiment. Et peut-être l'Euro en France en 2025."
Q: Si Corinne Diacre souhaitait prolonger, ce serait jusqu'à quand ?
R: "Les JO. Je constate que quand on change d'entraîneur tous les ans ou tous les deux ans, même dans les clubs, ça ne progresse pas. Avec Corinne, on est sur la bonne pente. C'a été plus dur, mais on progresse. Je ne vois pas pourquoi on ne trouverait pas un accord."
Q: Elle a profondément rajeuni l'effectif, en mettant à l'écart plusieurs cadres. La soutiendriez-vous si elle allait encore plus loin ?
R: "Citez-moi des cadres qui n'ont pas fait leur boulot. Quand je vois Wendie Renard jouer, pour moi ça reste une des meilleures défenseuses du monde à ce poste. Ne me dites pas qu'elle n'est pas capable de jouer pendant trois, quatre ans encore. Griedge Mbock à côté d'elle est très jeune, les milieux de terrain sont toutes très jeunes. Elle vient de former l'équipe de demain, avec (Marie-Antoinette) Katoto qui sera évidemment titulaire dès qu'elle sera remise."
Q: La mise à l'écart d'Amandine Henry et d'Eugénie Le Sommer a fait couler beaucoup d'encre. La page est-elle tournée définitivement ?
R: "C'est comme avec Didier (Deschamps), on peut discuter mais c'est toujours au coach de trancher."
Propos recueillis au téléphone par Jérémy TALBOT.
L.A. Beltran--LGdM