Voile: avec son bateau taillé sur mesure, Samantha Davies veut briller
La plus Française des Anglaises, Samantha Davies, a pris les commandes samedi d'un bateau (Initiatives-Cœur) conçu spécialement pour elle avec une touche artistique signée Titouan Lamazou, pour l'emmener vers le Vendée Globe 2024.
C'est une première pour Sam Davies. Jamais elle n'avait encore eu de voilier fait à sa mesure, incluant toute son expérience accumulée au fil de l'eau avec trois campagnes de Vendée Globe, la légendaire course autour du monde en solitaire qui a lieu tous les quatre ans.
Dans le port de Lorient, son nouvel Imoca (monocoque de 18,28 m exclusif du Vendée Globe) a été mis à l'eau. Le bateau rouge aux cœurs blancs est l'œuvre de l'architecte naval Samuel Manuard, spécialiste des étraves (avant du bateau) arrondies et spatulées très en vogue, dites de type "scow".
"J'ai pu personnaliser ce bateau avec mon expérience. C'est génial. J'ai assez de confiance en ce que j'ai vécu pour dire: ça c'est parfait, mais en réalité quand je suis en mer avec cinq mètres de creux et beaucoup de vent, ce n'est pas ça qui va faire la différence", explique la navigatrice à l'AFP.
- Quatrième en 2009 -
"Je veux plus simple, plus polyvalent. Parfois quand on se fait embarquer par des architectes ou des ingénieurs à faire le truc le plus parfait sur mer plate, c'est bien aussi de dire qu'on dessine un bateau pour le Vendée Globe, pas pour les vagues sur le défi Azimut (course au large de Lorient)", poursuit-elle.
La skippeuse, qui avait fini quatrième de son premier Vendée Globe en 2009 avant d'abandonner ses deux suivants (2012 et 2020), attendait depuis toujours d'avoir un bateau neuf très performant pour être à armes égales avec la concurrence.
Davies navigue aussi pour soutenir l'association Mécénat Chirurgie Cardiaque, qui permet à des enfants gravement malades et issus de pays défavorisés d'être opérés.
C'est le visage de l'un de ces enfants, Naylah, que Titouan Lamazou, marin et peintre, a dessiné sur la grand-voile.
Le vainqueur du tout premier Vendée Globe en 1989/1990 (en 109 jours) et co-fondateur du Trophée Jules-Verne (record du tour du monde en équipage) est ravi que le sourire de Naylah "enlumine dorénavant le design de la grand-voile".
"J'ai toujours été charmé par la sympathie de Samantha et par son grand courage. Je partage aussi son empathie sociale et son respect du divers et de l'altérité", a dit Lamazou.
- "Ça va être violent !" -
Davies est impatiente de retourner naviguer après un hiver et un printemps qu'elle a mis à profit pour passer beaucoup de temps avec son fils Ruben (dix ans), qu'elle a accompagné sur ses régates d'optimist (petit dériveur). Mais aussi pour accentuer sa préparation physique, coachée par Anne Beaudart.
"A priori sur ce type de bateau, ça va être violent ! J'ai fait un travail plus important sur les jambes pour encaisser la violence de la vie sur un bateau comme ça. Mes jambes sont mes amortisseurs", relève la Britannique de 47 ans.
Davies avait dû abandonner lors du dernier Vendée Globe après un choc violent et traumatisant avec un ofni (objet flottant non identifié). Mais elle avait tout de même tenu à terminer le tour du monde, en mode hors-course.
"Ce que j'ai vécu était très dur. Mais maintenant, je suis mieux armée, cette expérience m'a beaucoup apportée, j'ai appris à mieux gérer ces situations-là, ne pas m'écrouler avec les mêmes émotions, les mêmes galères", confie Davies, qui a le regard tourné vers la Route du Rhum (départ le 6 novembre), une transatlantique en solitaire à laquelle elle n'a participé qu'une fois, en 2018, et qu'elle avait achevé par un abandon.
S.Lopez--LGdM