L1: A Monaco, le duo Mitchell-Clement veut satisfaire les hautes ambitions présidentielles
"L'objectif du président? Remporter la Ligue des champions!": la boutade de Paul Mitchell, directeur sportif de Monaco, n'en est pas une, car le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev vise haut et compte sur le duo Mitchell-Clement pour y parvenir.
Le mois d'août sera crucial pour l'ASM qui saura vite si sa saison 2022-23 est réussie ou pas.
Pour intégrer la très rémunératrice phase de poules de la Ligue des champions, les Monégasques vont d'abord devoir éliminer le PSV Eindhoven, au 3e tour préliminaire de la C1, les 2 et 9 août.
S'ils passent cet obstacle, ils retrouveront en barrages, au stade où ils avaient chuté l'an dernier, probablement un autre grand nom du football européen, comme Benfica.
"Ce sera plus compliqué que la saison dernière", a expliqué Mitchell à l'AFP, "mais le président est très ambitieux. Il veut voir le club réussir au plus haut niveau, donc en C1."
La saison dernière, l'ASM, sous les ordres de Niko Kovac, avait battu le Sparta Prague (victoires 2-0 à l'aller à Prague et 3-1 à domicile) au 3e tour, avant de chuter en prolongations face aux Ukrainiens du Shakhtar Donetsk (défaite 1-0 à domicile à l'aller, 2-2 au retour)
- "Le groupe est plus fort" -
C'est maintenant Philippe Clement qui a pour tâche de ramener Monaco en C1 et le technicien belge a réussi, jugent ses dirigeants, à ramener harmonie et ambition au sein de son effectif.
"Rien n'a été laissé au hasard, souligne Mitchell. On a repris tôt, joué des adversaires forts en préparation. Un très gros travail physique a été effectué depuis six mois, fruit d'une vraie collaboration entre les secteurs performance et technique. Ce qu'on ne voyait pas avant. Le groupe est plus fort, avec une attitude combattante."
Pourtant, l'incertitude sportive demeure. "Entendre qu'on joue notre saison sur quatre matches n'est pas dérangeant, poursuit l'Anglais. Ces rencontres ne doivent pas nous détourner de notre stratégie globale. Malgré les rumeurs, on a toujours gardé notre ligne. On continuera."
Après le titre de 2017, Monaco avait périclité sportivement et financièrement: dépenses dispendieuses avec 75 pros sous contrat, relégation évitée de justesse en 2019.
Rybolovlev a alors chargé Oleg Petrov de redresser le club en perdition. L'arrivée de Mitchell en juin 2020 a accéléré cette reconstruction.
Depuis le départ d'Aurélien Tchouameni à Madrid pour 100 millions d'euros (bonus inclus), la mission de Petrov est terminée. Mitchell est le seul maître à bord, au niveau sportif. Avec l'obligation de contenter les désirs de grandeur de son président... sans plomber les finances.
Pour lui, Monaco "faisait marche arrière" avec Kovac. Après avoir démis Robert Moreno dès son arrivée, il n'a pas hésité à remercier le Croate en décembre dernier.
-"Ne pas répéter les erreurs"-
"Je ne prends jamais la décision de me séparer de quelqu'un dans l'urgence, précise Mitchell. J'accumule toujours un maximum d'informations. Tout est dicté par le premier entretien que j'ai eu avec l'actionnaire (Rybolovlev, ndlr), il y a deux ans, au cours duquel il a clairement défini ce qu'il veut, ce que le club représente pour lui. On s'est accordés sur une ligne que j'appliquerai tant qu'on sera en phase."
Mitchell a toujours assumé le choix de Clement: "On est repartis de l'avant même si, au départ, les pas étaient petits. Ensuite, l'équipe a montré son potentiel et sa qualité."
La fin de saison (9 victoires et un nul) a été spectaculaire mais n'a pas suffi pour décrocher la 2e place de Ligue 1. Et le départ de Tchouameni laisse un vide important.
"On ne va pas le remplacer pour le remplacer, rétorque Mitchell. On voit la qualité, le désir, la compétitivité qui se dégagent au quotidien du groupe. Tchouameni s'est construit progressivement. On peut refaire ça. Si on recrute, on ne doit pas se tromper de profil. Agir sous stress biaise la vision des choses, ne permet pas les bonnes décisions. Or, on ne veut pas répéter les erreurs passées dont on subit encore les conséquences."
"L'objectif est d'être compétitif en France, en Europe, et sur le marché très concurrentiel des jeunes, qu'on veut développer au plus haut. Notre saison ne se résumera donc pas à deux confrontations européennes", conclut Mitchell, comme pour se persuader. Car la C1 est vitale pour le club...
R.Espinoza--LGdM