Tour de France Femmes: public au rendez-vous mais format à affiner
Succès d'audience et sur le bord des routes, le premier Tour de France version féminine organisé par ASO depuis 33 ans a proposé des innovations séduisantes comme les consignes des équipes façon Formule 1, mais le format de la course reste à affiner selon certains acteurs.
. Plus de 2 millions de téléspectateurs
À l'exception du lundi, l'audience a dépassé les deux millions de téléspectateurs de moyenne sur France Télévisions, selon les chiffres communiqués par le groupe.
Soit la moitié de celle de la Grande boucle masculine, qui a réuni quatre millions de téléspectateurs en moyenne. Un score comblant la directrice du Tour de France Femmes: "Savoir comment ça allait marcher en matière d'audience… C'était un peu une interrogation et les gens ont répondu plus que présent. Moi même, je suis impressionnée", a livré Marion Rousse au départ de l'ultime étape.
Avec même plus de 30% de part d'audience et 2,7 millions de personnes devant leur écran samedi pour l'avant-dernière étape décisive ayant permis à la Néerlandaise Annemiek van Vleuten, lauréate de l'épreuve, de revêtir le maillot jaune.
. Routes garnies
Le public présent est plus difficile à compter. Ce sont les coureuses qui en parlent le mieux: "Samedi j'entendais pas mal de fois mon nom. En haut du Grand Ballon, j'avais des frissons parfois, a témoigné la championne de France 2021, Evita Muzic. Toutes les filles le diront, c'est la course où il y a eu le plus de public au bord des routes", assure-t-elle.
"Il y a tellement de gens venus nous voir, on sent dans chaque village que ce Tour est bien en vie, confirme Annemiek van Vleuten. Ce n'est pas une course de second plan à côté du Tour masculin. C'est un super début."
"Nous ne savions pas à quoi nous attendre. C'est au-delà de ce que j'imaginais", a confirmé l'autre grande femme de ce Tour de France, Marianne Vos.
. Innovation télé
Ce Tour de France Femmes inaugurait la diffusion de consignes des équipes, comme elles existent en Formule 1. Ces interventions des directeurs sportifs étaient données en léger différé et après modération pour ne pas trahir de secrets tactiques. Des encouragements aux conseils de placement avant une section à risques, ces moments ajoutent au sentiment d'immersion.
"Les hommes ont dit non, alors nous avons dit oui", explique le patron de la formation FDJ-Suez, Stephen Delcourt, qui a poussé pour l'adoption de cette nouveauté. "Tout ce qui peut faire grandir notre sport, nous le faisons."
. Ni contre-la-montre, ni haute montagne
"Je regrette toujours qu'il n'y ait pas de contre-la-montre", a glissé la Suissesse Marlen Reusser, spécialiste de l'effort solitaire après sa victoire dans la quatrième étape à Bar-sur-Aube.
"Un chrono, ça fait aussi moins d'audience", a rappelé Marion Rousse. "Cette année, c'était hyper important d'être attractif. Mais nous ne nous interdisons pas d'en mettre dans les prochaines années." Comme d'ajouter de la haute montagne, cette première édition s'étant limitée au massif vosgien. "Évidemment que nous pouvons aller dans les Pyrénées ou les Alpes", a-t-elle assuré dimanche à moins de trois mois du dévoilement du parcours.
"J'adorerais grimper l'Alpe d'Huez l'an prochain mais pas si cela rend la course moins attrayante pour le public", a relativisé Annemiek van Vleuten après avoir écrasé le premier rendez-vous en montagne samedi. "L'important, c'est qu'il y ait du spectacle et de belles luttes."
. Plateau inégal
"Les écarts de niveau provoquent beaucoup d'incidents", regrette Stephen Delcourt, qui militait pour moins d'équipes au départ (au nombre de 24). Sa coleader Marta Cavalli, deuxième du Giro et plus sérieuse rivale de van Vleuten a été éliminée dès le deuxième jour sur chute. L'Italienne a été percutée par l'Australienne Nicole Frain, de l'équipe continentale Parkhotel Valkenburg, arrivée à pleine vitesse dans un chute, car elle pensait avoir "vu un trou" où passer.
"Notre sport n'est pas mature, il y a de grands écarts de niveau et c'est normal. Je comprends qu'ASO ait voulu accompagner certaines équipes en leur faisant participer à cette grande course mais il y a des cyclistes qui n'ont pas l'expérience."
"C'est la première année donc il y aura évidemment quelques petits changements", a lâché sans plus de précision Marion Rousse. "Mais la base est solide."
L.A. Beltran--LGdM