Championnats d'Europe d'escalade: Janja Garnbret, seule sur sa planète
Souveraine Slovène, Janja Garnbret a confirmé mercredi sa suprématie sur l'escalade en remportant à Munich le combiné des Championnats d'Europe, qui sera épreuve olympique dans deux ans à Paris. En recherche perpétuelle de défis, la grimpeuse se prépare à dompter une montée mythique et s'imagine se mesurer à des hommes.
En Bavière, la championne olympique de Tokyo avait déjà pris l'or en bloc puis en difficulté. Sa moisson européenne va encombrer un peu plus la vitrine dans laquelle la grimpeuse de 23 ans conserve tous ses trophées empilés depuis ses sept ans.
"A ce propos une étagère a craqué il n'y a pas si longtemps", livre-t-elle en riant. "Les trophées sont trop lourds."
Enième sportive dominant ultradominatrice venue de Slovénie, terre de la superstar NBA Luka Doncic, du double vainqueur du Tour de France Tadej Pogacar et de son rival Primoz Roglic, Garnbret dit qu'elle doit parfois s'arrêter devant ses trophées pour réaliser. "Je fais tellement de compétitions que parfois il faut que je prenne un moment pour me rendre compte de ce que j'ai accompli."
Ses 14 mois d'invincibilité en bloc et en difficulté en donnent une idée. Une forme de résignation chez ses adversaires aussi. "Je ne m'attendais pas à pouvoir décrocher l'or", assure sa compatriote Mia Krampl, leader jusqu'au passage de Janja Garnbret, dernière à s'élancer sur le mur. "Nous savons à quel point Janja est super forte. Après avoir atteint le sommet du mur, je savais qu'elle réussirait aussi."
Dès le bloc, moitié de l'épreuve combinée avec la difficulté, elle avait assommé la concurrence en signant un score presque parfait: trois blocs +flashés+ (avalés dès la première tentative), un autre effacé à la deuxième tentative.
Le tout alors qu'elle a délaissé la spécialité presque toute la saison pour "faire une pause". "L'année dernière a été très éprouvante mentalement et physiquement, décrit-elle. Alors j'avais besoin de repos."
- Deuxième place interdite -
"C'est beaucoup de pression parce les gens s'attendent à ce que je gagne à chaque fois, raconte-t-elle. Quand je finis deuxième, on me demande si je vais bien ou si je suis malade."
En 2019, Janja Garnbret avait remporté toutes les étapes de Coupe du monde de bloc en 2019. Elle peut réussir cette année ce grand chelem dans l'épreuve de difficulté puisque sur les sept manches prévues cette saison, elle a remporté les quatre premières.
Adoratrice à ses débuts des grimpeuses slovènes Martina Cufar, championne du monde de difficulté 2001, puis Natalija Gros, championne d'Europe de bloc 2008, Garnbret dessine aussi d'autres projets. "Je suis perfectionniste donc je trouverai toujours quelque chose pour me motiver parce que je veux réaliser de grandes choses."
Se mesurer aux grimpeurs masculins ? Elle "y pense beaucoup". "Je crois que je peux gagner comme ne pas atteindre les demi-finales. Tout dépendrait du tracé de la route."
Son autre envie: escalader la Dura Dura, une voie en Catalogne dont le nom, "Dur Dur", annonce la difficulté. Seuls deux grimpeurs ont réussi à la valider en intégralité: le Tchèque Adam Ondra et l'Américain Chris Sharma 2013.
"Ce qui me motive, c'est qu'il s'agit d'une voie absolument pas favorable aux femmes, dépeint-elle. Il y a des mouvements super longs, de grands sauts. C'est un vrai défi pour moi. Mais je ne préfère pas dire quand je le ferai."
B.Ramirez--LGdM