Le Groenland a perdu plus de glace qu'estimé jusqu'alors, selon une étude
La fonte de la calotte glaciaire du Groenland, essentiellement sous l'effet du réchauffement climatique, a été plus importante au cours des quatre dernières décennies que ce qui avait été estimé jusqu'à présent, selon une étude publiée mercredi s'appuyant sur l'analyses de données satellitaires.
Des chercheurs basés en Californie se sont penchés sur l'évolution de cette masse de glace, appelée aussi inlandsis, qui recouvre le territoire du Groenland. A l'aide de données provenant de satellites, ils ont obtenu près de 240.000 observations des positions des fronts glaciaires - là où les glaciers rencontrent l'océan.
"Ce que nous avons trouvé nous a surpris", racontent les scientifiques dans la revue Nature.
"La calotte glaciaire du Groenland a perdu sensiblement plus de glace au cours des récentes décennies que ce que l'on pensait auparavant", concluent-ils.
Les chercheurs ont découvert que la masse de glace perdue en raison du retrait des fronts glaciaires avait été historiquement sous-évaluée de quelque 1.000 gigatonnes (1 gigatonne correspondant à 1 milliard de tonnes) ; la perte totale serait donc 20% supérieure aux estimations précédentes.
"Quasiment chaque glacier du Groenland s'est aminci ou a reculé au cours de ces dernières décennies", souligne auprès de l'AFP Chad Greene, du California Institute of Technology à Pasadena, auteur principal de l'étude.
"Il n'y a pas vraiment d'exception et cela se produit partout en même temps", dit-il.
La principale cause de cette fonte est le réchauffement climatique, "que ce soit le réchauffement de l'atmosphère ou dans les océans : les glaciers du Groenland sont sensibles aux deux", rappelle Chad Greene.
"La perte de masse a eu un effet direct minimal sur la hausse globale du niveau des mers", la glace se trouvant pour l'essentiel déjà dans la mer, indiquent toutefois les auteurs.
Elle est toutefois suffisante pour avoir un effet possible sur la circulation océanique - avec des implications potentielles pour les régimes climatiques, les écosystèmes ou la sécurité alimentaire - ainsi que sur le bilan énergétique de la Terre.
Autre découverte : les glaciers pour lesquels les cycles saisonniers d'avancée hivernale et de retrait estival sont les plus marqués semblent être les plus susceptibles de réagir au réchauffement et ont subi le retrait le plus marqué au cours des dernières décennies. Cela devrait permettre de prédire plus précisément l'évolution future des glaciers ces prochaines années.
F.Castillo--LGdM